Lettre de Marthe
Laborde à Georges Ibos, son petit-neveu.

Transcription
Parentis-en-Born, le 4 avril 1915
Bien cher Georges,
Je
suis souffrante presque tout cet hiver. Me trouvant un peu mieux,
j'ai fait un effort, je suis allée jusqu'à
Bordeaux enfin pour avoir de tes
nouvelles. J'ai passé trois jours. Pendant que j'étais là, les
Messieurs de la
Régie sont venus. Henriette était
sortie, c'est sa jeune soeurs qui a répondu. Jeanne est descendue mais
elle
n'a pas eu la permission de parler.
Je crois qu'elle est la maîtresse. Henriette doit vendre le fonds du
commerce.
Fais attention avant de l'autoriser,
qu'elle sache ce qu'elle fait. Ne vaudrait-il pas mieux qu'elle
s'entende avec sa
belle-soeur et qu'elle garde ça pour
quand tu arriveras pour continuer le commerce avec Ernest qui est
intéressé
aussi je crois [à?] ce qu'il y a dans
le chai
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puisque
vous étiez associés. Je te
dire aussi, depuis que tu es parti à la guerre, Henriette m'a envoyé 20
frs le mois de janvier
et, à présent, elle m'a donné 20 frs.
Elle m'a promis dans le courant du mois, qu'elle m'enverrait quelque
chose.
Tu lui en feras rappeler quand tu lui
écriras. Je comprends qu'ayant ses deux soeurs là, quatre à vivre,
il y a de la dépense. Mais, en
faisant quelque économie, qu'elle pense un peu à moi car j'ai besoin de
vivre, et puis
écris-moi quelques fois pour me
donner de tes nouvelles parce qu'il y a quelque chose, j'avais lu sur
Le Nouvelliste
Georges Ibos disparu et je croyais
bien que ce fût toi. J'ai écrit à Bordeaux pour savoir si c'était vrai,
et juste, tu
venais d'écrire et ça m'a rassurée.
La correspondance étant gratuite, il ne t'en coûte pas beaucoup d'écrire
quelquefois car, je te prie de
croire, si je pouvais écrire, je ne me ferais pas prier pour donner des
nouvelles.
En attendant le plaisir d'en avoir,
Tante Hélène se joint à moi pour t'embrasser.
En travers, sur le bord gauche :

Ta tante Marthe Laborde. J'ai oublié
de te dire que ta petite fille est très
mignonne. Elle sait que son père est
à la guerre. Je lui ai dit de faire tous les jours une prière
pour Papa.
Une autre lettre Marthe Laborde, le 13 avril 1915
Marthe a oublié de mentionner certains "détails" dans sa lettre
précénte. Et ils ne sont pas favorables à Henriette.
On peut raisonnablement penser qu'il ne s'agit pas exactement d'un
oubli. A-t-elle hésité, la première fois, à mentionner cette épisode de
peur d'inquiéter inutilement un petit-neveu qui, exilé sur le front, a
déjà suffisamment de motifs de préoccupation ? S'est-elle ravisée
entretemps ? A-t-elle été convaincue par une tierce personne de réparer
cet "oubli" ?
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Transcription
Parentis-en-Bor, le 13 avril 1915
Bien cher Georges,
Il
y a quelques jours que je t'ai écrit. Ne m'ayant pas répondu, j'y
reviens aujourd'hui ou serait tu malade ? J'avais oublié de
te dire que ta femme et ses deux
soeurs sortent tous les soirs jusqu'à dix et onze heures et, avec cette
petite, crois-tu
que cela lui fait du bien ? Et puis,
en arrivant, on se met au piano et chanter. Je m'en suis rendu compte
le jour des
Rameaux*, j'ai été réveillée par
leurs chants et la musique et ce n'est pas bien gai, en temps de
guerre, où tout le
monde est en prière.
Je l'ai dit à ta femme, d'aller à la
messe avec la petite.Une voisine m'a dit qu'elle voulait renvoyer
Ernest et Jeanne
pour mettre ses deux soeurs à leur
place. Ne l'autorise pas au moins à faire une chose pareille. Je doute
que lorsque
tu sera de retour, que le bon Dieu
veuille que ce soit bientôt, vous ne pourriez habiter ensemble parce
que la jeune soeur
est la maîtresse., la scène qu'elle a
fait à Jeanne le jour de mon départ m'a tellement impressionée que je
n'en suis
pas encore remise. Elle fermait la
bouche à ta femme, elle n'avait pas le droit de parler. C'est la petite
mioche que je plains,
qu'elle soit témoin de bien des
choses qu'elle ne devrait pas. Je te dirai aussi que ta femme n'a pas
voulu me donner ton
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adresse, me disant qu'elle ne la
savait pas. C'est Ernest qui me l'a envoyée parce que lui est resté
longtemps sans l'avoir.
Que fais-tu ? Soignes-tu des blessés à cette ambulance et y en a-t-il
beaucoup ? Donne-moi quelques détails.
En attendant, crois-moi ta tante dévouée
Signé Marthe Laborde
Depuis mon retour de Bordeaux, je suis toujours souffrante. Surtout, ne
fais pas de peine à Ernest.
Les soutiens d'Henriette - Lettre de son amie H. Hucat.

Transcription
Bordeaux, le 27 avril 1915
Cher
Monsieur Georges
Si je me permets de vous écrire,
c'est que j'ai été peiné de voir hier le chagrin de votre dame et son
affolement. A vous aussi,
qui êtes exposé, je voudrais porter
un peu de tranquillité à votre coeur, car d'après ce que j'ai lu et vu
il y a des calomnies
infâmes qui sont faites au sujet de
votre femme.
Examinez les choses avec calme et
impartialité. Pourquoi écouter des étrangers et accabler votre
malheureuse femme sur des rapports -- mensongers, je vous
l'assure -- qui vous sont faits. Ne vaudrait-il pas mieux et ne
serait-il pas plus sage de vous rendre compte par vous-même avant de la
juger aussi
sévèrement. Voici ce
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Transcription
qu'à
titre d'ami je vous conseillerais. Tâchez d'obtenir une permission. 24
heures de séjour à Bx seulement. En
expliquant le cas à vos chefs, en
leur disant -- et vous ne mentirez pas -- que votre dame est poussée à
bout par des méchancetés
qui lui sont faiters, que vous
craignez pour elle et votre fille. Vous désirez au plus tôt faire
cesser ce état de choses et mettre de
l'ordre dans votre maison. Venez à
l'improviste, sans avertir personne, et vous demanderez des preuves
pour vous convaincre
de ce que l'on a avancé. Je vous
affirme qu'il ne pourra en résulter qu'un grand bonheur pour vous et
ceux pour qui vous êtes cher.
J'ignore qui a pu faire toutes ces
inventions sur votre dame. La lettre que vous lui avez envoyé et
qu'elle m'a fait lire la affolée.
Ce que je puis vous jurer, autant par
amitié pour vous que pour elle et en souvenir de votre
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Transcription
cordial accueil, c'est que votre dame
ne vous a jamais trompé et qu'elle n'en a même pas l'idée. Elle souffre
trop de cette séparation
et ses seules pensées sont sa fille
et vous. Depuis votre départ, elle est venue me voir souvent avec votre
mignone Adriene.
De femme à femme, elle m'a ouvert son
coeur. Je vous jure qu'elle a pour vous une affection bien rare
aujourd'hui.
Elle pleure des journées entières en
parlant de vous ! le moindre retard de vos nouvelles la met dans une
inquiétude mortelle.
C'est un désespoir profond.
Serait-elle ainsi si elle ne vous aimait pas ? J'ai dîné un soir chez
vous. Elle pleurait, ne pouvait manger.
Votre petit amour alla l'embrasser et
lui dit "ne pleure pas toujours, maman, il va revenir, papa". Et avant
de se coucher, elle fit
sa petite prière de tous les soirs
qu'elle a dû répéter bien des fois puisqu'elle la sait par coeur. Et en
la mettant
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.Transcription
au lit, elle dit : "Je vais faire pip
dans la place à papa puisque je le remplace".
Cette réflexion d'enfant nous amusa
beaucoup mais ne fit qu'augmenter le chagrin de sa mère. Non, votre
dame n'a rien
à se reprocher à votre égard et vous
la jugez bien injustement. Je l'ai rencontrée bien des fois, seule avec
Adrienne, toujours
dans une tenue très modeste, les yeux
sont toujours gonflés : elle ne fait que pleurer. Vraiment, elle fait
peine à voir. Ah, non,
ce n'est pas la femme qui trompe son
mari.
La lettre que vous lui avez écrite
l'a mise dans un état qu'elle est allée voir procureur et commissaire.
Sans réfléchir, elle voulait
partir vous rejoindre sur le front.
Je l'ai consolée, calmée de mon mieux mais, en me quittant, elle était
décidée à porter une
plainte au Parquet. Tout lui est
égal, m'a-t-elle dit, pourvu qu'elle vous prouve son innocence. Elle
vous aime profondément.
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Transcription
Croyez-moi, ne brisez pas son coeur
en écoutant bénévolement les propos de gens qui ne cherchent qu'à vous
désunir et qui
abusent de votre situation militaire.
Ecrivez-lui une lettre un peu plus consolante. Elle en a bien besoin.
Vous éviterez ainsi
qu'lle fasse des bêtises, car elle
souffre tant qu'elle ne raisonne parfois même plus.
Je tente cette démarche à l'insu de
tous, même de votre dame. Je vous demanderais de n'en parler à
personne. Mon seul but
est de vous mettre en garde contre
les calomnies que l'on vous raconte; mon désir est de vous voir heureux
tous deux
comme vous le méritez. C'est au nom
de l'amitié qe j'ai pour tous les vôtres que je tiens à vous montrer la
vérité afin de vous donner à vous le
calme d'esprit et de coeur dont vous
avez besoin, afin de donner à une pauvre femme un peu de repos et un
rayon
de joie.
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Transcription
Je vous supplie de me croire, au nom
de votre petite fille. Quand vous vous serez rendu compte que ce que je
dis
est vrai, vous serez indigné de ce
qu'on vous fait. Pour moi, j'en suis écoeurée.
J'espère que cette guerre va bientôt
finir et que je vous reverrai revenir en bonne santé. C'est le plus
cher désir de ceux qui
ont opur vous une sincère affection
et une bonne amitié. Nous espérons nous revoir tous.
Avec toutes mes amitiés, recevez,
chez Monsieur Georges, l'assurance de toute ma sympathie
H. Hucat
31, rue Lebrun, Bordeaux
Les avocats d'Henriette - Lettre de Puyvieux, camarade de Georges.

Transcription
Bordeaux, le 29 avril 1915
Mon pauvre vieux,
Ta femme est venue hier au quartier
me demander des indications sur le lieu où tu te trouves en ce moment.
Naturellement ne le sachant pas, je
n'ai pu rien lui dire. Je le lui ai
néanmoins dit de se rendre chez Mr Bargues que j'ai rencontré en ville
et lui seul pouvant lui donner le les renseignements
voulus. Ta femme avait absolument
l'intention d'aller te retrouver. Je ne voudrais pas, mon pauvre ami,
avoir l'air de m'immiscer dans tes affaires
de famille Cependant, je considère
comme un devoir pour moi, sachant combien tu dois souffrir, d'essayer
de t'apporter un peu de réconfort.
Je comprends très bien que, si
éloigné depuis longtemps de ta famille, tu ne dois point être le moins
du monde enclin à l'optimisme
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Transcription
et que les calomnies ou la médisance
trouve, dans ces circonstances, en toi un terrain par trop prêt à
recevoir les nouvelles qui te font mal.
Je vais te dire comment j'ai été
amené à savoir comment les choses se sont passées.
Pendant ma convalescence je fus chez
toi pour avoir ton adresse et l'adresse de l'ambulance.
Je vis ta femme dans l'attitude de
quelqu'un qui trouve le temps bien long, comme d'ailleurs toutes les
femmes dans le même cas. Je te
l'écrivis d'ailleurs en ce moment et
ne recus rien de toi ........ ? Je pris le parti de revenir chez toi un
autre jour pour savoir si tu n'avais
pas changé d'adresse et ta femme me
raconta que ton frère lui faisait tout un tas de méchancetés qu'il lui
avait fermé le chaix, etc... etc....
Quelques jours après, je rencontrai
la femme de ton frère, que je ne reconnus pas tout d'abord. Elle
m'annonça que son mari devait venir
chez moi me demander un
renseignement. Le lendemain, je recontrai ta femme à qui j'annonçai
cette visite. Elle me dit que c'était certainement
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Transcription
pour me demander ton adresse et cela
pour lui faire des méchancetés. Quand il vint chez moi, je ne voulus
pas lui donner
l'adresse tout en lui disant que je
ne l'avais pas. Il partit et je n'entendis plus parler de rien. Hier,
ta femme vint donc au quartier et me montra
la lettre dans laquelle je pus vois
que tu étais malheureux. Je vis aussi un télégramme envoyé par ton
frère. Je pus, en dehors de
toute suspicion, me convaincre que,
dans cette occasion, il n'avait pas agi comme un frère eût dû le faire.
Car s'il avait dû te dire quelque chose,
il devait attendre ton retour, et non
pas te torturer de cette façon, sachant que tu ne pouvais te rendre
compte. De là à penser qu'il y a calomnie,
il n'y a qu'un pas. Quant à moi, je
t'avoue que je pense de cette façon.
J'ai lu ta lettre d'un bout à
l'autre. Je t'avoue que je pense comme toi et que, si vraiment avec une
enfant aussi mignonne, elle faisait ce que
tu es porté à croire,
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Transcription
elle serait indigne même de ton
pardon.
Mais je pense, avec une profonde
conviction, qu'il n'en est point ainsi et que j'ai vu ta femme
desespérée. C'est pourqoui, mon cher ami,
je te prie de surmonter ta douleur et
de demeurer aussi sceptique que possible jusqu'à preuve du contraire.
Tu auras bien le temps de te désoler
si un jour le fait t'est démontré, ce qui ne sera pas, j'en suis
convaincu.
Quant à moi, je te le répète, je ne
vois là qu'une méchanceté tout à fait basse, destinée à perdre ta femme
dans ton esprit et à te faire
souffrir.
Excuse-moi donc, mon ami, si je me
suis permis d'intervenir dans des circonstances aussi délicates, mais
ce n'est pas que dans le but d'adoucir
tes chagrins et de te dire de ne pas
désespérer encore et cela au nom de notre camaraderie.
Je te serre bien cordialement la main
Puyvieux
40° compagnie, Bx.
Georges à Henriette, le 30 avril.

Transcription
Le 30 avril 1915
Bien chère Henriette
Tu as du recevoir ma carte-lettre
d'avant-hier. Pour ta lettre du 20 mars, je l'ai reçue mais n'ayant pas
conservé l'enveloppe, je ne sais si elle a été
mise à la poste en retard. En tous
cas, comme je te le dis dans cette lettre, je veux oublier toutes ces
histoires et si je t'ai accusée injustement,
pardonne-moi et mets-toi à ma place,
tu verras un peu les souffrances que j'ai enduré voilà plus d'un mois.
J'ai reçu une lettre de mon ami
Puyvieux qui est toujours au dépôt à Bordeaux qui m'a fait bien
plaisir; elle est toute en ta faveur, il m'écrit
que tu étais allé au quartier pour le
voir et que lui avait dit quelques mots sur les misères qu'on te
faisait.
Je lui écris en même temps qu'à toi
et je le remercie car il m'a fait beaucoup de bien. J'ai reçu une
lettre d'Emilia également qui se fait
beaucoup de mauvais sang à cause de
la peine que je t'ai fait mais n'importe qui à ma place en aurait fait
tout autant et beaucoup en
aurait fait pire car ils auraient
déserté pour se venger. C'est l'idée qui m'a travaillé pendant
longtemps.
[en diagonale, en haut à gauche]
Grosses bises à Nenette [surnom
affectueux d'Adrienne -- peut-être à partir d'"Adriennette" ? En tous
cas, ses amis et parents l'ont appelée ainsi à tout âge]. Pardonne-moi ma petite chérie mais fais
en sorte qu'on ne me fasse pas de la peine comme on vient de le faire. Un million de baisers.
Georges.
Le voyage d'Henriette
En mai 1915, Henriette entreprend un voyage dans la Meuse. Elle fait
une halte à Paris, chez les Roussel, un couple d'amis de Bordeaux,
venus à Paris pour ouvrir un magasin de vêtements. Ensuite, elle tente
de rejoindre Verdun pour retrouver Georges.
Lettres des Roussel - Recto
.
Transcription
Mme Gaby Roussel
Robes & Manteaux
34, rue Drouot, 34
Paris (9°)
Paris, le 13 mai 1915
Monsieur Ibos
Quoique inconnu de vous, je me
permets de joindre ces quelques lignes à la lettre de votre dame afin
de vous tranquiliser sur le voyage qu'ele
effectue qui ne témoigne qu'en sa
faveur.
Ayant séjourné à Bordeaux
plusieurs
mois, j'ai eu l'occasion de voir votre petit ménage, votre dame ayant
toujours été en relations
avec la mienne depuis leur jeune âge
et toujours assez intimement liées puisque votre belle-soeur Ninnie a
bien voulu consentir à nous
suivre à Paris, où nous venons
instaler une maison de couture.
Du peu que j'ai pu entendre et
constater, votre dame, depuis votre départ au régiment, se trouve en
butte contre les méchancetés de
votre frère et surtout la femme de ce
dernier. Et il faut que réellement Mme Ibos se soit trouvée courageuse
comme elle est pour être arrivée
à surmonter toutes les difficultés,
embêtements qu'on n'a cessé de lui créer. Aussi, étant arrivée au
paroxysme de l'énervement, je dirai presque
se sentant presque découragée, elle a
voulu essayer une dernière
Verso

Transcription
démarche qui, je l'espère, n'aura pas
besoin de grande plaidoirie pour arriver à vous prouver quelle n'a pas
été son énergie à défendre non seulement
vos intérêts mais le bien-être de son
enfant.
Arrivée hier matin de Bordeaux, elle
partait au train de midi pour rejoindre Verdun mais, arrivée à Châlons,
impossible d'aller plus loin, son sauf-conduit
n'étant pas suffisant pour lui
permettre de continuer sa route, elle était de retour chez nous à Paris
hier soir à 10 heures.
L'embêtement de ses intérêts étant
suffisant pour abattre son courage, il fallait encore que survienne cet
incident. Aussi, cher Monsieur, nous
décidons-nous ce matin à tenter
quelques démarches en vue de lui faire obtenir une pièce lui permettant
de franchir les zones de démarcation.
Il lui faut une pièce quelconque
prouvant qu'elle est appelée à Verdun. Je vous demanderai à ce que vous
fassiez tout ce qui dépendra de
vous pour la facilité dans son
entreprise et qu'il vous soit permis de constater quelle n'a pas été la
lutte acharnée que votre dame a eu
à soutenir, son état seul de santé
vous sera une preuve suffisante de ses souffrances.
Je vous adresse, cher Monsieur,
l'expression de mes meilleurs sentiments
Roussel
Ajout de Gaby Roussel à la lettre de M. Roussel
Cher Monsieur,
Etant très intimement liée avec
Henriette et quoique ne vous connaissant pas, je me permets de vous offrir ma bonne
amitié et vous dire le chagrin
que nous avons de voir votre petite
femme ainsi déprimée. J'espère que, si votre retour s'effectue par Paris, vous
viendrez nous voir et nous serons
heureux de vous connaître. Je fais des voeux pour qu'elle accomplisse
la fin de son voyage sans trop
de difficultés et vous adresse, cher Monsieur, mes sentiments les
meilleurs.
G. Roussel.